Tandis que Mélusine, bercée par une innocence empruntée au berceau, se prêtait au jeu de marionnettiste pour le plaisir d'un patrouilleur égaré, Lysandre, Théodoric et Rosaline rampaient dans l'ombre, leurs mouvements aussi discrets que le serpent anesthésie sa proie avant l'attaque. Emergeant un à un des décombres, ils se faufilèrent entre les carcasses de véhicules abandonnés et les tas de gravats, essayant de faire se confondre leurs silhouettes parmi les ombres fantômes de la ville en ruine. Une angoisse palpable flottait dans l'air, comme la fine vapeur trouble s'émanant d'une tasse de thé noir Déjà loin de la crypte, Théodoric, étonnamment agile pour sa stature corpulente, menait le bal de leur échappée nocturne. Son manteau brun crasseux voltigeait dans son dos pendant qu'il courait, fouettant l'air avec la fougue d'une bête sauvage livrée à elle-même. Rosaline le suivait de près, sa robe de princesse déchirée par les batailles et les évasions lui conférait un allure de guerrière. Son coeur battait la chamade, un rythme effréné qui semblait presque chanter en écho avec l'hymne à la liberté qu'ils composaient ce soir. Et Lysandre, pour terminer, avançait avec une abnégation presque militaire, cédant pas à une détermination qui forçait le respect.