Le dernier espoir du crépuscule - 6

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Dans un coin de la cour du château, en retrait de la confrontation sanglante, Lysandre repère un piano à queue, à demi englouti par les ombres castelaines. Sa coque de chêne noir peint à la main est balafrée et côtelée par les épreuves du temps, mais il brille d'une luxuriance dérisoire dans le chaos de la bataille. Il est étrangement intact malgré le carnage qui l'entoure, donnant un sentiment surréaliste à la scène. Lysandre se précipite vers l'instrument, dansant agilement entre les affrontements qui se déroulent tout autour. Le bois froid du piano se fait doux sous ses doigts rugueux. Une onde de mélancolie frappe son coeur alors qu'il la rappelle la mélodie que sa mère lui chantait dans la douceur de leur chaumière maintenant disparue. Le souvenir apaise le tumulte de la bataille qui fait rage, le centrant sur l'esprit de la mélodie. Sans attendre, Lysandre laisse ses doigts glisser sur l'ivoire et l'ébène du clavier. Le chant du piano s'élève solennellement, se mêlant et se suspendant dans l'air froid de la nuit. Les notes douces et graves coulent comme des ruisseaux de lumière, assaillissant la Bête avec une douceur presque tangible. La bête rugit, secouée par la mélodie qui émane du piano. La douce symphonie se faufile à travers la cour du château, ralentit l'avance des soldats et pénètre le chaos avec une tendresse déconcertante. Des regards d'incompréhension se lisent sur le champ de bataille, alors que les notes du piano continuent à résonner. La Bête, subissant l'influence de la mélodie, commence à se retirer, ses yeux féroces se douçant sous le poids de la musique.