Amaury avait déroulé la missive, écrite de la main même de son père. Les lettres étaient sombres et puissantes, inscrites avec une plume d'acier trempé, reflet de l'ami absolu du tyran. Cette lettre, cachée dans un recueil dédié à la transmission du savoir intergénérationnel, avouait sans détour les intentions malveillantes de son géniteur. Le père d'Amaury admettait avoir orchestré le meurtre du Roi, père d'Elina, pour s'emparer du royaume. Amaury, son cœur marqué à jamais par la trahison paternelle, trouva Elina dans un bosquet clos, non loin des jardins royaux. Elle se tenait droite et fière, sa longue robe de soie délavée par le temps balayait les herbes humides. Ses cheveux noirs coulaient sur sa frêle épaule, reflétant la lumière vacillante des torches assurant la sécurité nocturne du palais. Lorsqu'il lui montra la lettre, l'expression d'Elina passa de l'étonnement à la fureur puis à une détermination inébranlable. Ensemble, ils décidèrent de mettre un terme à cette tyrannie. Ils se réunirent dans le plus grand secret pour élaborer une stratégie, conscients du péril qui les attendait s'ils échouaient. Les murs de pierre qui les entouraient semblaient se serrer autour d'eux, gardiens muets de leur sombre dessein.