Arthur prit la décision de sa vie, aidé par la pâleur mortelle d'Isabella à chaque évocation de son futur rôle politique. Il se tourna vers elle, en confession, après une énième soirée mondaine qui avait laissé la belle courtisane épuisée et pensive. Le grand salon, où ils se tenaient, était baigné d'une lueur dorée émise par le lustre de cristal italien suspendu au plafond. Les vastes miroirs présents à chaque mur renvoyaient cette lueur, la transformant en une douce étoile qui illuminait le regard pénétrant d'Arthur. Ce fut les yeux dans les yeux, lui caressant doucement la joue avec tendresse, qu'Arthur déclara son intention. Il souhaitait s'échapper, loin des jeux politiques, du danger imminent et des manipulations mortifères que Venise imposait à Isabella. Elle le regarda, surprise et émue, une larme menaçant de couler de ses magnifiques yeux aigue-marine. Pendant un moment, ils restèrent ainsi, se perdant mutuellement dans le regard de l'autre. L'idée d'une fugue était séduisante, mais ils savaient tous deux que ce serait une entreprise risquée. Venise était une cité-état aux portails toujours surveillés et seuls les patriciens influents pouvaient facilement venir et partir. De plus, si Lorenzo Di Medici venait à découvrir leur plan, cela pourrait entraîner des complications sérieuses. Cependant, face au visage enchanté d'Arthur, Isabella ne pouvait résister et acquiesça à leur tentative d'évasion. La nuit de leur fuite fut une nuit comme aucune autre. Le ciel noir était constellé d'étoiles scintillantes qui éclairaient le sombre canal comme des mille lucioles. Dressés sur leur gondole, ils se dirigeaient silencieusement vers la porte de la ville située plus loin, guidés par les eaux éternelles de Venise. Mais ce n'était pas une simple fuite. C'était un voyage dans l'inconnu, rempli d'excitation, d'espoir... et de peur. Un incident inattendu mit en péril leur évasion secrète. Un patrouilleur, sous les ordres directs du Di Medici, les arrêta à la porte de sortie. La silhouette de l'homme imposant, son épée à la main, sa voix grondante, fit naître une peur viscérale chez Isabella. Les étoiles devenaient témoins silencieux d'un affrontement prochainement inévitable.