Echos Temporels - 3

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Ezra était assis, en pleine contemplation, dans le salon privé d'Elisabeth. Les murs étaient ornés de peintures victoriennes, toutes domptées par le feu du foyer qui brillait intensément. La pizza aux anchois, maintenant vide, suscita un sourire compatissant de la part d'Elisabeth. Sa décision était prise. "L'horloge ne cessera jamais de tourner, Elisabeth" marmonna-t-il, le regard fixé sur les flammes dansantes de la cheminée. La complexité de leur relation l'avait désemparé. La barrière du temps l'empêchait d'être entièrement présent et il se rendait compte que son existence lui semblait étrangement éphémère dans cet univers où chaque respiration s'épuisait à s'accorder avec le rythme du temps passé. C'était une douleur si aiguë et pourtant si insidieuse qu'elle glaçait son cœur chaque fois qu'il la laissait s'infiltrer. Ce passionnant amour inter-dimensionnel avec Elisabeth, aussi réel et vibrant qu'il l'était, n'en était pas moins impossible. "Je dois partir" déclara-t-il finalement, une résolution ferme dans la voix. Il y avait tant de tristesse et de respect dans le regard qu'Elisabeth lui lança qu'Ezra eut l'impression que son cœur allait se briser. Un silence tendu s'installa entre eux, ponctué par le crépitement occasionnel du bois dans l'âtre. Le silence semblait parler là où les mots avaient échoué. Ils étaient conscients qu'ils disaient un dernier adieu, un adieu qui hurlait dans le silence, déchirant l'espace et le temps, ayant son écho dans des siècles d'histoires inachevées.