Echos Temporels - 3

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Dans le silence de la nuit, Ezra étudiait minutieusement les papiers griffonnés devant lui. Un frisson courait dans son dos, mêlant une excitation irrésistible à une appréhension croissante. Ses pensées étaient focalisées sur l'idée folle qu'il avait échafaudée : ramener Elisabeth, la dame victorienne qu'il chérissait, dans son temps présent, le 21ème siècle. Il était conscient des ramifications complexes que cela pourrait impliquer - le bouleversement de l'histoire, l'impact potentiel sur l'équilibre du temps. Mais pourtant, il ne pouvait s'en empêcher. Le plan était simple. Il devait préparer Elisabeth, l'habituer à des aspects modernes, les initier doucement à la déconcertante réalité de son époque - pas seulement la pizza aux anchois, mais les téléphones portables, les voitures, les ordinateurs, et tant d'autres merveilles technologiques. Une fois prête, il l'emporterait à travers le portail temporel, laissant derrière eux le confort rassurant de la zone victorienne pour le tourbillon débridé et chaotique du 21ème siècle. Il ne restait plus qu'à convaincre Elisabeth. Dans son manoir victorien, les détails sophistiqués et minutieusement conçus des moulures se disputaient en vain la vedette avec la beauté intemporelle de la propriétaire. Elisabeth avait les yeux écarquillés, elle portait encore la pose gracieuse et la dignité aristocratique qui étaient les normes de son temps, mais son expression reflétait une confusion naissante et une curiosité indéniable. Ce fut à ce moment-là qu'Ezra crut entrevoir une lueur d'espoir dans ses yeux. Aussi, avec une profonde inspiration, Ezra commença à raconter des histoires, des histoires de son monde : les gratte-ciel qui éclipsaient les étoiles, les écrans vivants qui parlent et pensent, les véhicules qui volent sans ailes... Il essaya de rendre justice à son époque, une époque si loin des délicates couleurs pastel et de la maîtrise artistique de l'ère victorienne, mais pas moins belle à sa manière singulière. Il était certain que Elisabeth l'écouterait, qu'elle comprendrait … et peut-être, l'accompagnerait.