Le dernier espoir du crépuscule - 4

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Force était d'admettre que Lysandre était un combattant redoutable, un guerrier né. Pourtant, l'épreuve qui l'attendait surpassait de loin tout affrontement physique. Gallien, l'héritier du trône adverse, ne s'était pas construit une réputation de prince cruel par le biais des armes, mais grâce à son esprit acéré et une langue de vipère. Un duel d'éloquence... Voilà sans doute l'un des plus grands défis que Lysandre ait jamais eu à relever. Dressé sur une estrade, Lysandre observait ses opposants, son cœur battant d'une ardeur guerrière différente. À sa gauche, la douce Rosaline, son amour interdit, un rayon de soleil vêtu d'acier, d'un calme apaisant malgré la tension ambiante. Sur la scène, à une certaine distance, se tenait Gallien, son adversaire, dont le regard émeraude révélait une flamme de détermination impitoyable. De son attirail sombre émanait une aura sévère, renforcée par la tenue presque royale qu'il portait - une cape de velours noir bordée d'or, un sceptre incrusté de gemmes, un gant de faucon en argent massif. Tout en lui semblait dire qu'il avait été préparé pour ce moment précis toute sa vie. Les règles étaient simples : chaque adversaire avait droit à un discours, suivi d'une réplique à l'argument de l'autre. Il ne s'agissait pas de mener une attaque frontale, mais plutôt d'influencer l'opinion de l'assemblée par des mots bien choisis et des arguments pertinents. L'objectif de Lysandre n'était pas de vaincre Gallien, mais de l'emmener à voir la vérité : que la fin de la guerre était à leur portée et qu'ils devaient chercher à bâtir une paix durable, pour l'avenir de leurs royaumes. Lysandre prit une profonde inspiration et commença. Ses mots, d'abord hésitants et maladroits, gagnèrent rapidement en assurance quand il prit appui sur son véritable domaine de force : la réalité des horreurs de la guerre. Il parla des villes dévastées, des vies brisées, des enfants qui grandissaient sans parents. Si on lui avait dit il y a un an qu'il serait là, utilisant des mots et non des armes pour se battre, il aurait souri amèrement. Pourtant, chaque syllabe portait la pesanteur d'un coup d'épée bien placé. Le discours de Gallien, lui aussi, était puissant. Son ton était emphatique et sa rhétorique bien mieux élaborée. Ses paumes ouvertes vers le ciel, il se servit de sa stature pour renforcer son propos, promettant vengeance et justice aux injustement tourmentés. Il invoqua la mémoire des héros tombés au combat, clamant qu'ils méritaient une fin de guerre dignes de leurs sacrifices. La fin du discours fut marquée par un silence lourd et de la tension palpable dans l'air.