Une nuit empreinte d'une solennité surnaturelle s'étendait sur le pays, comme une berceuse lente et hypnotique. Lysandre, l'âme consumée par un amour interdit, laissant passer toute une moitié de cycle lunaire à la réflexion, fit le choix d'aller à nouveau vers la forteresse. Il en avait pris un raccourci dangereusement proche du « Rotha », le fleuve séparant les royaumes, dont les flots sombres tournaient tourbillonnants autour des rochers, exhibant les crocs d'une bête insatiable qui ne faisait pas de distinction entre ami et ennemi. Se frayant un chemin à travers les vastes étendues d'arbres maigrichons, de terres brûlées et de ruines, il avança vers le château, armé de son amour pour Rosaline. Tandis qu'il approchait du château, un seul nom résonnait à travers les échos de sa conscience, « Rosaline ». Des rêves de son doux visage s'infiltraient dans son esprit, telle la douce brise qui pénétrait les interstices de son armure. En arrivant cependant, la réalité de sa situation s'abattit avec une force brutale. Le château était un bastion de menaces et de promesses de violence. Sa stature imposante déchirait l'obscurité, ses tours d'ivoire s'élevaient comme des piques dressées vers le ciel. La structure entière était illuminée par une lueur étrange et sinistre, peignant un paysage terrifiant. Solitaire et désespérément amoureux, Lysandre s’approcha, le regard fixé vers les fenêtres illuminées du château.