Le dernier espoir du crépuscule - 4

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Les rebelles, maintenant déguisés en serviteurs, se glissèrent dans la salle de banquet. Elle grouillait d'aristocrates, vêtus de brocart et de velours, se livrant à des festivités bruyantes et insouciantes, loin des rues délabrées qu'ils venaient de quitter derrière eux. Lysandre sentit une bouffée de colère poindre en lui, mais il la réprima farouchement, alignant sur ses traits un visage impassible. Il tomba rapidement dans leur rôle de serviteur, passant des plats de venaison et des cruches de vin chaud, ses yeux toujours en alerte, scrutant l'assemblée à la recherche de Rosaline. Théodoric, de son côté, s'était infiltré parmi les gardes tire-au-flanc, faisant circuler des boissons et riant de leurs plaisanteries grossières. Lorsque le son d'une harpe se fit entendre, Lysandre tourna la tête et son souffle se figea. Rosaline se tenait là, coiffée d'une tiare et vêtue d'une robe de soie pourpre. Ses yeux émeraude scintillaient, imitant presque le puissant éclat de la gemme sacrée qui pendait à son cou. Dans ce lieu de faste et de frivolité, elle était la seule qui représentait quelque chose de concret et de sacré pour Lysandre. Il buvait son image avec la soif d’un désertique, captivé par sa beauté et la gravité de leur situation. Il savait qu'il devait agir vite. Chaque minute qui passait, chaque sourire et rire échangé autour de lui n'étaient que des rappels cruels de la réalité. Lui et ses alliés étaient des intrus dans ce nid de vipères, et un faux pas pouvait signer leur mort. Théodoric avait réussi à positionner quelques-uns de leurs hommes aux alentours de la salle, attendant un signe pour lancer l'assaut. Mais alors que Lysandre s'apprêtait à donner le signal, un mouvement dans la foule attira son attention.