Sous son ordre, les rebelles se jetèrent sur les objets alentour. De grandes tapisseries furent arrachées de leurs accroches et jetées sur les gardes les plus proches, les ralentissant momentanément. Des chaises, lourdes et majestueuses, furent poussées pour bloquer l'accès principal du château. Dans l'urgence, tout prenait une valeur stratégique. C'était une guerre improvisée dans le cœur de l'ennemi. Théodoric, les yeux brillants de défi et les mains ensanglantées, levait maintenant une énorme table de banquet avec une facilité déconcertante. Comme un bélier, il la balança contre les portes du château, les clouant littéralement au sol. Cette vision inspira plus d'un soldat, transformant leur peur en courage éhonté. Tout autour de Lysandre, la course effrénée des soldats mandatés résonnait sur les murs de pierres froides du château. Chaque bruit, chaque vibration n'était que le reflet de leur empressement à mettre fin à cette guerre. L'amour insolite qui avait germé entre Lysandre et Rosaline ne faisait que prouver à quel point le cœur de la guerre était aveugle. Au milieu du chaos qui naissait, Rosaline était là, en haut du parapet, les yeux humides, balançant de Lysandre à la mêlée effrénée en bas. Son beau visage n'était que peinture de tristesse et d'amour mêlés. De sa position, elle pouvait voir les vagues successives de gardes approcher. Dans un murmure à peine audible, elle espéra que le sacrifice de Lysandre en valait la chandelle.