A peine ses pieds eurent-ils franchi le seuil du château que Lysandre fut accueilli par l'écho d'une fanfare royale, offrant une farandole de sons festifs qui s'accordait avec son travestissement. Cependant, loin d'être dupe, il restait concentré sur sa véritable mission, distinguant même entre la cacophonie l'appel solennel de la gemme sacrée. Une fois à l'intérieur, il ne put s'empêcher d'admirer l'opulence des décors, les dorures et stucs qui ornaient les murs, et le plafond voûté d'où pendulaient des lustres éclatants. Au fond de la salle principale trônait le roi du royaume ennemi, un homme d'une stature imposante au regard sévère. Lysandre, maintenant connu sous le sobriquet du joyeux Pierrot, garda son allure joviale. Chaque pirouette, chaque gag n'était pour lui qu'un prétexte pour se rapprocher du trône. Versant sans relâche dans une irrévérence grandissante, il usait de son statut de bouffon pour troubler le protocole royal. À plusieurs reprises, ses pitreries déclenchèrent l'hilarité générale dans l'assemblée, dissipant la tension pesante inhérente aux discours de guerre du roi. Pendant un instant, on aurait cru que l'ombre sombre de la guerre avait été remplacée par une lueur d'espoir portée par le rire. Cette entrée en matière réjouissante permit à Lysandre de repérer la gemme sacrée, exposée dans une vitrine de cristal derrière le trône, scintillant comme l'étoile la plus claire dans le ciel nocturne.