La nuit avait enveloppé le château, une noirceur impénétrable n'offrant aucune échappatoire aux peurs primales de l'homme. Théodoric, déguisé en garde royal, franchit la porte massive de la citadelle, corps tremblant mais l'âme résolue. Son cœur battait avec une telle fureur qu'il croyait que chaque battement trahissait sa véritable identité. Il répéta le plan dans sa tête, chaque étape, chaque possibilité. Le poids de la mission pesait fortement sur ses larges épaules, mais il ne flanchait pas. Le roi se trouvait dans la salle du trône, entouré d'une cour d'obligés et de conspirateurs, tous vêtus de velours et de soie, leurs visages blanchis par le maquillage et la peur. Le monarque, adossé à son trône d'or, observait d'un œil méfiant la foule à ses pieds. Un diadème garni de joyaux reposait lourdement sur sa tête grisonnante. Ses yeux étaient de la couleur de l'acier, son expression, aussi froide que la pierre la plus dure. Théodoric chercha du regard un quelconque signe de faiblesse, une possible brèche dans cette armure impénétrable. Puis, son attention se tourna vers la princesse Rosaline, qui se tenait à côté du trône. Sa beauté sans pareille contrastait avec la dureté du lieu et elle semblait plus un ange pris au piège qu'une habitante de ces lieux. Une lueur de reconnaissance passa dans ses yeux, mais elle resta parfaitement immobile, ne laissant rien transparaître. Théodoric espérait que cet amour naissant entre elle et Lysandre serait la clé de leur réussite.