Les visages tendus des guerriers se décontractèrent légèrement alors qu'ils se préparaient à se séparer. L'atmosphère, qui avait été empreinte d'une gravité accablante, fut subtilement allégée. Chacun avait son propre rôle, une étape essentielle de ce plan insensé. Car il s'agissait bien d'un plan insensé, où le courage et la témérité avaient discrètement pris la place de la raison. Le rôle de certains était d'infiltrer le château, celui d'autres était de créer des diversions. Théodoric, symbole de force brute et de détermination ardente, avait décidé de se confronter directement aux gardes du roi, sa présence était ainsi indispensable à l'entrée principale. Quant à Lysandre, torse nu sous sa cape rugueuse, ses veines se remplissant d'une volonté d'acier, il se dirigea vers les passages les moins surveillés. Parti seul dans cette mission solitaire, le cœur de Lysandre battait la chamade. Perdu dans les couloirs labyrinthiques du château, ses pas résonnaient dans les couloirs vides, amplifiés par l'écho. À chaque tournant, son sabre était prêt, ses nerfs tendus. Sa tête, cependant, était rongée par des questions qui se succédaient sans cesse. S'il était capturé, qu'arriverait-il à Rosaline ? S'il réussissait à tuer le roi, serait-il capable de faire face aux conséquences ? Pouvait-il réellement changer le cours de l'histoire ? Transpirant et tremblant, Lysandre se courba dans un coin sombre, emprisonné par son amour pour la princesse et son devoir envers son peuple. Le destin était à sa porte, mais serait-il capable de le toucher ? C'est alors qu'un bruit soudain résonna dans la tranquillité du château. Des éclats de voix se précipitèrent vers lui, des ordres entremêlés avec des cris de rage et de peur. Théodoric avait engagé le combat. Les murs du château tremblèrent, les gardes aussi, et un frisson parcourut la colonne vertébrale de Lysandre. Le calme précaire de la soirée s'était envolé, remplacé par le chaos tumultueux d'une bataille. Lysandre reprit sa route, poussé par les cris de guerre et l'urgence qui lui brûlait les entrailles. Il courut, dans ce dédale de couloirs sombres, son destin dans un sens, son cœur dans un autre.