Livia, seule dans son atelier enfumé et grouillant de pièces éparpillées, mettait la dernière main à son invention révolutionnaire. Autour d'elle, le sol de marbre dur et froid était couvert de schémas, d'outils déposés à la hâte et de fragments de cuivre et de bronze. Les murs, décati par le temps, étaient striés de rayures, de brûlures et de taches de graisse noirâtre, atteste du travail inlassable de cette femme remarquable. La machine, une sculpture massive de métal et de fils de cuivre, brillait à la lumière vacillante des lampes à huile. Il s'agissait d'une arme de destruction massive dont les effets dévastateurs pourraient égaler la puissance des envahisseurs extraterrestres. Le chant du métal contre le métal dansait dans l'air comme une mélodie de résistance, coupant le silence persistant qui accablait la cité. Alors que le soleil commençait à envahir le ciel de ses teintes orangées, Hadrianus, sa silhouette spectrale se détachant sur le balcon du palais, observait avec une morosité refoulée le travail acharné de Livia par une fenêtre. Un mélange de jade et de regret remplissait ses yeux d'un éclat mélancolique alors qu'il contemplait la détermination de Livia et la traîtrise qu'il avait orchestrée. Au bout de la nuit, dans les derniers sanglots de l'obscurité, Livia réussit à terminer son invention. Une fierté douce-amère envahit son cœur. Ses yeux reflétaient des étincelles de feu tout comme la machine qu'elle avait créée.