Les Rivages de l'Oubli - 4

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Au coeur de la nuit, tandis que l'éclat incertain de la lune glissait discrètement par les fenêtres de la datcha, Maelis empoigna une longue plume d'aigle qui reposait nonchalamment au bord de l'antique pupitre. Fragile, son cœur palpitait à l'unisson avec les oscillations de la bougie, plongeant la pièce dans une constellation d'ombres dansantes. C'était le moment. La jeune fille allait apprendre un sortilège de protection pour protéger Gideon, lier leur destinée encore plus fortement. D'une voix douce mais ferme, Gideon récita l'incantation, chaque syllabe résonnant dans la pièce comme une note de musique suspendue dans le temps. Les veines de Maelis se mirent à luire d'une lumière argentée alors que le sort imprégnait son corps. Une chaleur bienveillante se répandit de sa poitrine à ses mains, un manteau d'énergie protectrice à modeler et à utiliser à sa guise. Elle sentit un pouvoir puissant embrasser ses veines, et une vague de pouvoir silencieux s'échappa de ses doigts pour se répandre dans l'air. Une lumière cicéronienne bleue émanait de Gideon, qui se tenait là, surpris mais avec des yeux brillants d'espoir. Le voile de l'oubli fut levé lentement et la lueur dans ses prunelles semblait illuminer le vieux refuge, conférant un halo de paix et de confiance. Le silence régnait maintenant, coupé seulement par le son du vent frappant doucement contre la façade en bois vieilli. Maelis, tenant entre ses doigts la plume d'aigle, regarda Gideon, lucide, déterminée et prête. L'amour entre eux, subtil mais palpable, leva une barrière invisible qui protega le vieil érudit, liant leurs âmes et leurs destins dans un même sort, prête pour la bataille à venir.