Drivée par le désir de libérer son peuple, Maelis quitta le refuge de Gideon avant l'aube, laissant derrière elle les remparts de sécurité et de confort. Portant un manteau de laine grossièrement taillé et des bottes usées par le voyage, elle dévala les sentiers inconnus menant aux plaines des Pays du Nord. La lueur pâle de l'aube, mêlée à l'éclat sibyllin de l'étoile du matin illuminait la route, révélant une terre vierge, un territoire inexploré. Laissée à ses pensées, Maelis était hantée par la vision de Belféor ravagée et l'implacable règne de Leidaris. Cependant, l'image de Gideon, l'érudit aux cheveux grisonnants, éveillait en elle un espoir craintif. Même si l'amour interdit qui brûlait entre eux compliquait leurs desseins, elle ne pouvait nier la chaleur qui naissait dans son cœur à chaque pensée de lui. La destination de Maelis était le Val d'Argyrion, dernier refuge d'un ancien groupe de mercenaires, dont la réputation s'étirait sur plusieurs royaumes. Là, vivaient les Soldats d'Obsidienne, des guerriers sans foi ni loi, connus pour leurs capacités de combat exceptionnelles et leur prix exorbitant. Mais Maelis n'avait pas d'or à offrir, seulement l'assurance d'une cause noble et la promesse d'un nouveau règne. La première rencontre avec les Soldats d'Obsidienne fut aussi intimidante que leur réputation. Ils étaient un mélange varié de guerriers, chacun portant des cicatrices du passé, leurs armures brillantes comme l'obsidienne sous le soleil matinal et leurs regards féroces cachant la loyauté indéfectible qui les unissait malgré leurs divergences. Leur chef, Balder, un homme à la peau tanée et aux yeux brûlants comme des braises, accueillit Maelis avec une méfiance évidente. Sa voix grave résonna dans les étendues vides du Val, alors qu’il demandait à Maelis ce qui l’amènerait à braver la réputation des Soldats d'Obsidienne.