Les Rivages de l'Oubli - 4

img

La plaine inquiétante s'étala a perte de vue, une terre sans fin illuminée par les rayons argentés de la lune. Maelis et Mérové continuèrent leur voyage, s’enfonçant davantage dans ce monde sauvage, à la frontière de l’inconnu. Malgré la monotonie du paysage, chaque pas les rapprochait de leur destin inévitable. Une couverture de silence enveloppait les deux voyageurs, ce qui rendait le vide immense autour d'eux encore plus palpable. Devant eux, une rocailleuse ascension attendait, éliminant toute trace de la verdoyante plaine qu'ils avaient quittée derrière. Ils grimpèrent silencieusement vers la cime, leurs muscles criant en raison de l'effort, leur respiration haletante dans l'air maigre et frais de la montagne. Leur progrès fut lent mais constant, et ils atteignirent enfin le sommet alors que l'aube pointait à l'horizon. Depuis leur promontoire, ils avaient une vue imprenable sur l'immensité de leur quête. Leur destination semblait lointaine, presque irréelle dans l'éclat du jour naissant. Mais malgré la tâche apparemment insurmontable, ni l'un ni l'autre n'évoquaient la possibilité d'échec. Leurs yeux brillaient d'une détermination farouche tandis qu'ils contemplaient la contrée sur laquelle leur destinée allait se jouer. La nuit suivante, ils firent un feu de camp dans une petite grotte qu'ils avaient découverte au sommet de la montagne. Ils parlaient peu, mais leur silence n'était pas mal à l'aise. C'était le silence des compagnons qui se sont battus côte à côte, qui ont partagé des défis et des triomphes. Autour d'eux, la nuit était un tissu épais piqué d'étoiles, le silence de la montagne étant seulement interrompu par le chuintement apaisant du vent. Le sol sous leurs pieds semblait trembler des séismes d'un monde en pleine agitation, une musique silencieuse qui bat dans les fondations terrestres comme le cœur agité de désire et de peur d’un amant. Malgré l'atmosphère apaisante, le sommeil fuyait les deux voyageurs. L'amour inexprimé entre eux était un spectre qui hantait la tranquillité de la nuit, apparaissant dans leurs brefs contacts, dans leurs longs regards silencieux. Les conséquences de cet amour étaient incertaines, ajoutant une tension sous-jacente à leur périple.