Le clan de trolls qu'elle avait rencontré était singulier en soi, des êtres du sous-bois, massifs il est vrai et visiblement farouches au prime abord. Mais une fois dépassée la mésaventure de la première impression, on découvrait des créatures rustiques, certes, mais joviales. Leurs corps étaient couverts d'une sorte de fourrure noueuse, gris foncé et brune, parsemée de mousses et de lichens prouvant leurs étroites relations avec la forêt. Leurs yeux brillaient d'un éclat rieur et la lueur des champignons magiques qu'ils consommaient faisait vibrer leurs pupilles de couleurs hallucinogènes. Apprivoisant peu à peu ces étranges habitants, Maelis accepta leur invitation à danser. Un spectre bleuâtre ornant le ciel nocturne éclairait la prairie alors que la lune haute éclaire le monde en spectacle. Les trolls, avec une synchronisation étonnante, effectuaient une danse ancienne - des mouvements lourds mais gracieux, marqués régulièrement par des roulades et des bonds étonnants pour de tels êtres. Leurs rires faisaient écho dans la forêt alors que leur danse faisait trembler la terre. Maelis, enivrée par le rythme et l'énergie festive de cette danse, se laissa aller à ses mouvements. Elle se laissa entrainer, dansant sans répit jusqu'à ce que la lueur des étoiles fasse place à l'aurore. La convivialité et la joie qui émanaient de cette rencontre, si improbables étaient-elles, étaient une pause bienvenue dans sa quête. Là, dans ces terres de Sylphie, elle partagea un moment d'harmonie parfaite avec le monde, un sentiment de liberté inconnu jusqu'alors. Mais ce chaleureux interlude n'était que de courte durée, les murmures de trahison commençant déjà à envahir ses songes. Maelis se retrouvait, une fois de plus, au seuil d'un chemin incertain.