Nécessité obligeant, les maigres habitations de Belféor furent transformées en forteresses improvisées. Nos héros, toujours sous l'emprise d'une palpable incertitude, décidèrent de convertir leur humble demeure en une maison accablée par une contagion mortelle. Maelis, Séline et Emeric, bien que troublés par la gravité de leur situation, se lancèrent dans cette entreprise audacieuse avec une volonté ardente et inébranlable. Le visage sombre, Séline prit du charbon dans la cheminée éteinte et dessina, avec une précision remarquable, le symbole ancient de la peste sur la porte en chène usé par le temps. Ce symbole aurait dû repousser quiconque osant approcher, forcé de craindre la mort lente et agonisante qu'apportait la maladie. Appuyé contre la porte, Emeric observait avec une intensité inquiétante, la jeune Maelis qui s'affairait à préparer des ragoûts nauséabonds destinés à renforcer leur ruse. L'amour qu'il portait pour la jeune femme scintillait dans son regard vert feuillage qui contrastait avec le vacillement tremblant de la flamme solitaire dans la pièce. Leurs cœurs persistaient à battre malgré la tempête de terreur et de tourments qui faisait rage à l'extérieur. Ils restaient soudés, renforcés par le poids d'un destin qu'ils étaient prêts à défier pour l'amour de leur peuple. La nuit tomba sur Belféor tandis qu'ils attendaient dans l'espoir que la ruse fonctionne, prêts à tout pour gagner leur liberté.